Aller directement au contenu

Selon le Rapport sur la transition écologique de la filière, les efforts du secteur doivent être amplifiés

L’industrie des cosmétiques et des parfums est consciente que la demande des consommateurs pour des produits de plus en plus respectueux de l’environnement est croissante et qu’elle doit investir dans la transition écologique. La mission d’étude sur les enjeux de la transition écologique de la filière Parfums et Cosmétiques apporte un éclairage sur ce sujet. Les impacts environnementaux globalement …

Selon le Rapport sur la transition écologique de la filière, les efforts du secteur doivent être amplifiés
Constatant la multiplicité des labels qui se sont développés dans le secteur des cosmétiques et portent, le plus souvent, davantage sur l’origine des produits que sur leur impact environnemental, la mission recommande, tant aux pouvoirs publics qu’à la profession, de promouvoir l’Ecolabel européen, qui apporte les meilleures garanties sur le plan environnemental.

L’industrie des cosmétiques et des parfums est consciente que la demande des consommateurs pour des produits de plus en plus respectueux de l’environnement est croissante et qu’elle doit investir dans la transition écologique. La mission d’étude sur les enjeux de la transition écologique de la filière Parfums et Cosmétiques apporte un éclairage sur ce sujet.

Les impacts environnementaux globalement peu connus

Dans un premier temps, la mission a relevé que les impacts environnementaux des produits cosmétiques étaient globalement peu connus. Une étude disponible sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur estime que l’industrie cosmétique serait responsable, sur l’ensemble de la planète, de 0,5 à 1,5% de ces émissions. La mission s’est attachée ensuite à examiner si les entreprises connaissaient les impacts de leurs produits sur l’environnement.

Seules les entreprises les plus importantes recourent à des analyses du cycle de vie (ACV) pour évaluer l’impact environnemental de leurs produits et optimiser leur conception. La plupart des entreprises de taille petite ou moyenne ne sont pas en mesure aujourd’hui de conduire de telles études, en raison de leur coût et de l’absence de personnes compétentes en ce domaine en leur sein. A cet égard, la mission souligne la nécessité pour la profession de poursuivre son effort de montée en compétence de ses collaborateurs sur ces sujets.

Par ailleurs, les informations qui lui ont été transmises n’ont pas permis à la mission de chiffrer de façon globale les investissements passés ou futurs liés à la transition écologique, ni leurs impacts sur l’environnement. Elle a néanmoins constaté que les investissements à réaliser étaient rarement cités comme des obstacles à la mise en œuvre des actions relatives à la transition écologique, dont la nécessité est bien comprise. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les actions qu’il serait possible de conduire le soient effectivement. Les fabricants d’emballages rencontrés par la mission ont quant à eux clairement souligné que les investissements qu’ils ont dû ou vont devoir réaliser sont très importants et pèsent sur leurs marges.

L’analyse juridique conduite par la mission a permis de relever que le règlement (CE) n° 1223/2009 du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques ne traite pas directement leurs impacts environnementaux et que son articulation avec le règlement n° 1009/2006 du 18 décembre 2006 concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques (REACH) soulève un certain nombre de difficultés. Par ailleurs, la définition des nanomatériaux varie d’un règlement européen à l’autre. Enfin, les produits cosmétiques ne sont pas soumis au règlement n° 1272/2008 du 16 décembre 2008 relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances et des mélanges (CLP) qui impose notamment d’étiqueter de manière appropriée les substances chimiques dangereuses pour la santé ou l’environnement. Pour remédier à cette situation, la mission recommande que les autorités françaises poursuivent leurs efforts, pour améliorer l’articulation des règlements portant sur les produits cosmétiques avec ceux régissant les produits chimiques, pour élargir le champ d’application du règlement CLP et pour harmoniser les définitions des nanomatériaux.

Les actions relatives aux ingrédients peu développées

La communication de l’industrie des cosmétiques sur la transition écologique s’est fortement développée et cette transition est même devenue un thème majeur des stratégies commerciales. La mission s’est efforcée de cerner la portée des pratiques situées entre discours et réalité. Elle a constaté que de nombreuses actions ont été entreprises dans le domaine des emballages des produits (utilisation de matériaux recyclés et recyclables, sortie du plastique, etc.), en conformité avec les exigences réglementaires. Des actions portent aussi sur l’optimisation des processus de production proprement dits (diminution des consommations en énergie et en eau, meilleur traitement des déchets, etc.).

Les actions relatives aux ingrédients sont peu développées et se limitent souvent à rechercher plus de « naturel » et de «bio», alors même que les impacts sur l’environnement des ingrédients ne sont que partiellement connus. Peu d’actions sont menées pour encourager un meilleur usage des produits ou encore diminuer l’impact environnemental des points de vente.

Concernant les transports, importants pour une industrie très exportatrice, des initiatives existent, mais il conviendrait de les étendre et de les multiplier estime le rapport.La mission préconise l’élaboration d’un plan d’action pour développer les ventes en vrac et en recharge, après la réalisation d’expérimentations dans le cadre des recommandations de l’ADEME, le développement des actions visant à diminuer l’eau dans les formules et la poursuite de celles visant à en diminuer l’usage dans le process de fabrication. Elle recommande également, sans attendre l’entrée en vigueur de l’article 273 de la loi Climat et Résilience pour les grandes entreprises et une éventuelle interdiction au niveau européen de l’importation de produits issus de la déforestation, d’améliorer la traçabilité des ingrédients contenant de l’huile de palme ou de l’huile de palmiste. Enfin, la mise en place d’actions de transition écologique dans les points de vente des produits cosmétiques doit être accélérée.

Mettre en œuvre l’affichage environnemental dans le secteur des cosmétiques

De façon générale, la mission considère que, pour conduire des ACV ou pour définir des méthodes permettant de mettre en œuvre l’affichage environnemental dans le secteur des cosmétiques, il est indispensable de disposer de données précises, portant sur l’ensemble du process et les ingrédients. Le nombre des ingrédients dépassant 20 000, il est essentiel que les données les concernant soient aussi spécifiques que possible et tiennent compte notamment de leurs différents modes de production. Or, la mission a constaté que de nombreuses données manquent, par exemple sur l’écotoxicité, faute de connaissances scientifiques établies sur les impacts potentiels sur l’environnement d’un grand nombre des ingrédients incorporés. La base de données la plus utilisée est celle de l’association suisse EcoInvent, mais elle-même ne porte que sur une fraction des produits.

En tout état de cause, même si l’ensemble des données était disponible, élaborer un « score » environnemental unique, consistant à présenter sous la forme d’une note de A à E l’impact environnemental d’un produit cosmétique, nécessite de mettre en place des méthodes de calcul et de pondération des différentes atteintes à l’environnement à la fois éprouvées sur le plan scientifique et consensuelles entre représentants de la filière et pouvoirs publics.

Dans ce contexte, il sera intéressant de suivre l’initiative prise à l’automne 2021 par des acteurs privés pour former le consortium international Eco Beauty Score visant à développer un système de notation sectoriel de l’impact environnemental des produits de beauté. Le consortium a pour objectif de disposer d’un premier prototype d’outil fin 2022, ce qui pourrait permettre le lancement d’expérimentations dès la fin 2023. A cet égard, la mission recommande aux pouvoirs publics et aux représentants de la profession au plan national de mettre en place une gouvernance, en charge de s’assurer que les propositions d’affichage, qu’elles soient issues de cette initiative ou d’autres qui émergeraient, soient conformes à l’intérêt général et de nature à être utilisées par le plus grand nombre d’entreprises.

Des expérimentations de l’affichage environnemental dans le secteur des cosmétiques pourront utilement être nourries par le bilan des expérimentations menées dans d’autres secteurs, ce qui n’empêche pas que la filière cosmétiques doive, sans attendre, intensifier ses travaux sur la constitution de bases de données.

La mission considère que des actions de communication devraient être menées, notamment à l’occasion de messages publicitaires, pour informer le consommateur sur l’importance de la modération dans l’usage des cosmétiques et sur les pratiques permettant de réduire leurs impacts, par exemple lors du lavage ou du rinçage, qui représenteraient environ 40% des émissions de GES du secteur. Constatant la multiplicité des labels qui se sont développés dans le secteur des cosmétiques et portent, le plus souvent, davantage sur l’origine des produits que sur leur impact environnemental, la mission recommande, tant aux pouvoirs publics qu’à la profession, de promouvoir l’Ecolabel européen, qui apporte les meilleures garanties sur le plan environnemental. Les domaines de l’hygiène et de la beauté sont propices aux changements. Les entreprises paraissent prêtes à s’engager vers une transition écologique réussie et les consommateurs sont également demandeurs de changement et d’informations appropriées. Les efforts du secteur vers la transition écologique doivent donc être amplifiés, conclut le rapport.

(Source : Rapport sur la transition écologique de la filière Parfums et Cosmétiques)

ParLa rédaction
En vidéo
Send this to a friend