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Quelle est la Stratégie d’accélération «Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes» ?

Avec le plan innovation santé 2030 de plus de 7,5 Md€, dont 1 Md€ pour la recherche, annoncé le 29 juin dernier par le président de la République, le gouvernement veut faire de la France l’une des premières nations innovantes en santé en Europe. Selon ce dernier, les biomédicaments sont une véritable opportunité pour mieux soigner les patients actuels et …

Quelle est la Stratégie d’accélération «Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes» ?
Le marché des biomédicaments représente 24,3% du marché mondial du médicament en 2019, soit environ 240 Md€, et devrait enregistrer une croissance entre 8% et 9% par an en moyenne pour atteindre 320 Md€ d’ici à 2025.

Avec le plan innovation santé 2030 de plus de 7,5 Md€, dont 1 Md€ pour la recherche, annoncé le 29 juin dernier par le président de la République, le gouvernement veut faire de la France l’une des premières nations innovantes en santé en Europe. Selon ce dernier, les biomédicaments sont une véritable opportunité pour mieux soigner les patients actuels et futurs. Par ailleurs, nous dépendons à 95% d’importations dans ce secteur. La place de la France dans la bioproduction pharmaceutique s’est dégradée au profit de ses voisins européens, et se trouve aujourd’hui à la quatrième place des producteurs pharmaceutiques en Europe. Le gouvernement prévoit donc de consacrer 800 M€ à ces enjeux pour faire de la France un leader mondial, en plus des financements transverses déjà prévus dans le plan Santé 2030 : 1 Md€ pour la recherche, 2 Md€ de fonds pour le passage à l’échelle des entreprises et 1,5 Md€ pour les projets à envergure européenne. En 2025, le nombre d’emplois de la filière devrait doubler, ainsi que la production de biomédicaments en France en faisant émerger de nouveaux champions industriels.

Les défis de la filière des biothérapies en France

La filière des industries de santé vit aujourd’hui une véritable révolution avec l’arrivée de médicaments dont les principes actifs sont produits à partir du vivant et issus des recherches les plus fondamentales en biotechnologies. L’essor de ces biothérapies a permis le développement de la médecine dite personnalisée en apportant des solutions thérapeutiques nouvelles dans de multiples indications (oncologie, immunologie, virologie, maladies rares…). Ces solutions constituent souvent une opportunité décisive pour les patients, ces biomédicaments représentent actuellement 50% des essais cliniques en cours.

Ce marché représente 24,3% du marché mondial du médicament en 2019, soit environ 240 Md€, et devrait enregistrer une croissance entre 8% et 9% par an en moyenne pour atteindre 320 Md€ d’ici à 2025. En 2017, 4 nouveaux médicaments sur 10 étaient des biomédicaments, et d’ici 2024, la majorité des nouveaux médicaments devraient être des biomédicaments. Aujourd’hui, 50% des médicaments en développement sont des biothérapies. 50% des molécules du top 100 des molécules les plus prescrites seront des biomédicaments d’ici 2025. En 2019, les parts de marchés des biomédicaments dans les produits pharmaceutiques étaient de 24,3%, soit environ 240Md€. 320Md€, c’est la valeur du marché mondial d’ici 2025.

Aujourd’hui, seulement 5 biothérapies sont produites en France contre 21 en Allemagne, et 12 en Italie sur les 76 autorisées et commercialisées en Europe. Pour 64% des acteurs, les difficultés éprouvées sont dans le financement des phases précoces et des études cliniques.

Positionner la France en leader mondial des biothérapies et de leur bioproduction

La France compte moins de 10 façonniers et seulement 9 usines pour la production en propre (pour Sanofi, Novartis et Servier). La faible offre de CDMO3 pour tiers conduit les acteurs à produire à l’étranger à la fois pour leurs lots cliniques et pour leurs lots commerciaux. Seulement 5 biothérapies sont produites en France contre 21 en Allemagne, et 12 en Italie sur les 76 autorisées et commercialisées en Europe. Face à ces enjeux, le gouvernement a décidé de lancer une stratégie d’accélération «biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes» dans l’objectif de faire de la France le leader européen en bioproduction pharmaceutique, renforçant ainsi son attractivité et sécurisant son indépendance en termes d’approvisionnement.

D’ici 5 ans, produire au moins 5 nouveaux biomédicaments

Cette stratégie se matérialise par des objectifs concrets : d’ici 5 ans, produire au moins 5 nouveaux biomédicaments (soit 10 biomédicaments en tout), doubler le nombre d’emplois du secteur (passage de 10 000 à 20 000) et permettre l’émergence d’au moins 1 nouvelle licorne et 5 nouvelles ETI de la biotech. Cette stratégie visera notamment à assurer un flux constant d’innovations en provenance de la recherche académique, pour maintenir la France dans sa position de leader ; assurer et accélérer les développements et d’industrialiser la production en France ; garantir quantité et qualité, à des coûts abordables et soutenables par le système de soins ; et soutenir activement la filière en créant et en finançant des organisations dédiées.

Elle portera sur les innovations en thérapie génique et cellulaire (hors oncologie), les nouveaux systèmes biologiques de production de ces thérapies, le développement d’unités de production plus performantes et outils d’optimisation des systèmes de culture et procédés de bioproduction… Pour y parvenir, un budget total de près de 800M€ sera alloué à cette stratégie d’ici 2025, en complément des moyens transverses alloués à ces enjeux

300 à 400 M€ pour catalyser l’innovation et former

La diversité des structures biologiques (cellules, vésicules, protéines, acides nucléiques, …) et les progrès de la recherche biologique laissent entrevoir pour demain un arsenal biothérapeutique d’une très grande diversité avec des coûts très disparates en fonction des biothérapies, des temps de R&D, des modalités de production et de contrôle qualité, des particularités d’administration, de l’organisation des systèmes de soins associés, des capacités curatives ou au long court, de la taille des populations cibles, …

Les critères d’accès de ces biothérapies pourraient être restreints en raison de leurs couts et font peser un risque sur l’égalité d’accès aux soins. Il est donc essentiel de pouvoir identifier en amont les innovations sanitaires stratégiques d’une part pour contribuer ou participer à leur développement, et d’autre part, pour anticiper et adapter les organisations de l’offre de soins et améliorer la prévisibilité des dépenses de santé.

En outre, un réel manque de transversalité entre secteurs d’application a été observé ainsi que la nécessité pour la France de renforcer l’accès aux hautes études dédiées à la bioproduction, notamment dans les écoles d’ingénieurs et universités mais également en alternance, pour les élèves ingénieurs, techniciens, régulateurs et évaluateurs et d’encourager les interactions entre professeurs, académiques et industriels.

La stratégie d’accélération en biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes consacrera près de la moitié de son budget à l’innovation pré-industrielle et à la recherche sur des technologies d’avenir en bioproduction. L’objectif est d’assurer un flux continu d’innovations de rupture en bioproduction ; un soutien particulier aux phases précoces des essais cliniques afin de démontrer la preuve de concept des nouvelles thérapies ainsi qu’une simplification réglementaire pour l’innovation et une transversalité accrue des ressources et des compétences.

La première action consiste à créer un Programme et Équipements Prioritaires de Recherche (PEPR) dédié aux bioproductions. L’objectif de l’action est de lancer les défis scientifiques et structurer les communautés de recherche pour obtenir des avancées scientifiques et faire émerger des technologies de rupture en bioproduction d’ici cinq à dix ans. Le PEPR sera confié conjointement à l’INSERM et au CEA pour le pilotage. Il sera réalisé en liaison étroite avec la communauté nationale de recherche publique, privée et les acteurs du monde hospitaliers, et sera doté d’un budget de 80 M€.

La stratégie d’accélération a déjà priorisé 2 types de biothérapies via le grand défi « bioproduction » : les thérapies géniques (incluant les CAR-T) et les thérapies cellulaires. Le PEPR proposerait d’emblée de considérer de manière additionnelle au moins deux nouveaux types de biothérapies telles que: les thérapies basées sur des vésicules extracellulaires ; les thérapies tissulaires ; les anticorps innovants (ADC, nouveaux formats, multispécifiques) ; les thérapies innovantes par ARN (ARN interférent, approche antisens, vaccin à ARNm en cancérologie, …).

La seconde action est de financer un flux continu d’innovations de rupture en biothérapie au travers d’un appel à projet dédié. Cette action a pour but de mettre en place un AAP « innovation en biothérapies » pour financer à plus ou moins long terme des projets innovants en biothérapies. Cet appel à projets ouvert en janvier sera doté d’environ 275 M€ du PIA.

La troisième action est d’améliorer l’offre de formations aux nouvelles technologies de production et sur la formation des personnels de la filière.  Cette mesure doit favoriser l’émergence de pôles de formations d’excellence afin d’assurer une compétence de pointe aux professionnels du secteur. La mise en place de nouveaux programmes de formation initiale et continue bénéficiera de 5 à 15 millions d’euros pour accompagner les mutations de la recherche et des industries de santé. En ce sens, afin d’assurer la formation des professionnels de la filière, des formations aux nouvelles technologies de production vont être crées ou adaptées, comme l’illustre le Campus Biotech Digital avec sa plateforme de formation inédite et unique au monde dans le domaine de la Bioproduction. Cette action sera financée via l’appel à manifestation « compétences et métiers d’avenir ».

350 à 500 M€ pour financer les industrialisations innovantes pour produire en France

Cet axe ambitionnera à la fois de développer les conditions favorables à l’obtention d’outil industriel flexible, performant et sécuritaire pour les opérateurs mais aussi de développer des CDMO et réserver des créneaux pour les start-ups françaises pour qu’elles puissent passer à l’échelle afin de diminuer massivement les coûts de production ; développer la flexibilité de l’offre ; s’adapter rapidement en cas de besoins (développer les capacités de réponse à une crise sanitaire).

La première action consiste à améliorer l’accès au financement pour faciliter le passage de la R&D à l’industrialisation et développer la capacité de production du secteur. Dans la continuité du dispositif Tibi, ce sont 2 Md€ qui sont mobilisés, via BPI, pour accompagner la croissance des entreprises.

La seconde action est de financer des procédés de production innovants et des unités de production de bioproduction. Un appel à projet « innovations en bioproduction », doté initialement de 130 M€ (qui pourra être augmenté jusqu’à-280 M€), sera ouvert au T1 2022 avec deux thématiques : « nouveaux outils et systèmes d’optimisation des techniques et technologies existantes » et « nouvelles unités de production intégrant des innovations technologiques de rupture ».

Les domaines suivants pourront être priorisés : l’automatisation des systèmes de culture ; l’utilisation de cellules plus performantes et avec des rendements de production plus élevés ; l’amélioration de l’environnement de culture des cellules avec notamment des contrôles in situ des paramètres de culture ; le développement de monitoring procédé spécifique et d’outils in silico d’aide à la conception et à la modélisation du procédé ; le développement d’outils de contrôle en ligne pour la production de bactériophages ; l’utilisation de nouveaux systèmes de production bioréacteurs innovants ; les technologies de culture telles que la perfusion : méthodes à développer pour rendre les procédés plus simples à mettre en œuvre à l’échelle industrielle et à utiliser, sans besoin de spécialistes de ces technologies.

La troisième action portera sur le renforcement du réseau d’intégrateur industriel et de CDMO sur le territoire.  60% des répondants de la consultation publique ont signalé une absence de capacités de production en France et ont alerté sur des temps d’accès très longs et des tarifs décourageants pour accéder aux producteurs actuels. Cette action a pour but d’une part de créer des intégrateurs industriels garantissant l’industrialisation de nouvelle technologies de rupture et d’accélérer le développement de plateformes de recherche technologique portant des programmes de recherche et développement (TRL4-6, développement de prototypes) dédiés aux nouvelles biothérapies et à leurs outils de production. Une action de labellisation puis de structuration d’un réseau national d’intégrateurs industriels sera mise en place, dans la continuité du grand défi biomédicaments. Elle sera dotée d’un budget de 20 à 40 M€ et sera dans un premier temps opérée via l’AAP « maturation – prématuration ». D’autre part, une enveloppe dédiée de 150 à 250 M€ sera également mise en place pour financer le déploiement de projet d’industrialisation de bioproduction et ainsi renforcer le réseau de CDMO sur le territoire.

Coordonner et accélérer la production de biomédicaments en France

A cet effet, la première action consistera à la création d’une organisation unique dédiée aux bioproductions. Dans la continuité de la création de l’Agence d’innovation en santé, la filière se structure autour d’une entité nationale fédératrice des acteurs de la bioproduction afin d’être l’interlocuteur de référence de l’Agence. Cet organe fédérateur aura pour mission de proposer à l’État la stratégie nationale pour l’écosystème et s’assurer de sa validation et d’une garantie de déclinaison ; faciliter et aider à la déclinaison et mise en œuvre de la stratégie auprès des ministères et de l’ensemble des parties prenantes ; accompagner l’écosystème dans la déclinaison de la stratégie nationale tout en assurant la cohérence des initiatives et actions associées – en s’appuyant sur les acteurs de l’écosystème (pôles de compétitivité et clusters en santé) ; partager les résultats des indicateurs de suivi du développement de l’écosystème et instruire les possibilités d’évolutions de la stratégie ; être l’interlocuteur de référence des acteurs de la filière en France et à l’international pour donner de la visibilité sur les initiatives et leurs retours d’expériences et diffuser les informations sur les évolutions technologiques, réglementaires ; Un soutien public pourra être apporté à cette initiative privée.

(Source : Stratégie d’accélération biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes/ France 2030)

ParLa rédaction
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